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Au chat qui pète
26 octobre 2007

La journée des quatre C

Ca avait pourtant mal commencé…

Le réveil affiche 01:41, j'ai les yeux ouverts, je suis tendu comme un arc. Je ne vais pas me rendormir avant longtemps. J'ai rarement des insomnies, et encore plus rarement aussi tôt. Je me prépare une tisane et j'essaye de me détendre en faisant quelques mouvements de Taiji, en respirant calmement, en écoutant le silence. J'ai envie de sortir et de me promener sur les berges de Saône. A cette heure là plus un bruit. Dans la lueur des réverbères de gros points blancs flottent sur l'eau noire. L'escadre de cygnes dort, et je ne réussi pas à voir s'ils se cachent la tête sous l'aile. Malgré les soucis qui tourbillonnent je souris à cette journée où je vais rencontrer trois personnes qui par un curieux hasard ont toutes un prénom dont l'initiale est C.

Quelques heures et un peu de sommeil plus tard, j'arrive à la gare. Zut ! J'ai oublié le nez rouge. J'essaie de m'emparer de celui de l'agent de quai mais le postiche n'en est pas un. Tant pis pour la Babouche, elle me découvrira au naturel.

9h56. Je débarque Gare de Lyon avec un quart d'heure de retard et me lance à la recherche d'un caddie écossais que devait trainer derrière elle le premier C de la journée. Je découvre alors une femme bicéphale et souriantes (deux sourires). Elles sont emmitouflées dans un foulard et la tête du haut me traite de dégonflé en constatant mon absence de nez. Je renonce à expliquer l'histoire de l'agent de quai et penaud les accompagne dans le métro.

clown

Nous parlons, papotons, rigolons. Mon tensiomètre est en baisse, la fatigue disparaît peu à peu. Un thé Népalais, une spécialité régionale ( ! ) et beaucoup de chaleur me mettent du baume au cœur. C'est bon d'être accueilli… Alors que c'est la première fois que nous nous rencontrons j'ai l'impression de retrouver une amie de longue date. L'heure du départ arrive trop vite. Elle tente de m'expliquer la route du métro, finalement renonce et m'accompagne jusqu'au dernier coin de rue. Tout droit maintenant ! Et c'est avec fierté que je peux aujourd'hui annoncer que j'ai retrouvé ma route sans me tromper.

Ah le métro parisien… Je ne m'en lasse pas… Deux changements plus tard, je pousse la porte du deuxième C. Nous nous connaissons depuis longtemps. Nous nous connaissons bien. La confiance a été un peu longue à s'installer - surtout de mon coté, faut avouer. Il est un peu mon ami, mon papa, un point de repère. J'aime lui dire, lui raconter comment des fois ça va bien, des fois ça va pas, même quand ça ne se voit pas. On organise notre semaine de vacances, en début d'année, là haut sur la montagne avec des chiens et des traineaux. On a parle de la vie, de la mort, de la perte, des retrouvailles, de toutes ces blessures plus ou moins bénignes et de leurs cicatrices. On s'embrasse, on se souhaite plein de bonnes choses. Je m'arrête à la boulangerie du coin. Trop bons les diplomates !

15h28, de retour à la gare de Lyon. Une poussée dans le dos, c'est elle, le troisième C. Elle a accroché son plus beau sourire, réussi à domestiquer sa crinière, et elle pétille tellement qu'en la regardant je me sens tout réchauffé. On escalade les marches, pousse la porte à tambour et nous nous affalons dans les fauteuils profonds du Train Bleu. Une amitié toute douce, toute simple nous lie. Un email de temps à autre, un commentaire de ci de là, un coup de fil parfois, quelques nouvelles, et la permanence de ce lien qui rassure. On se raconte, tout doucement. A chaque fois que nous nous voyons on a besoin d'un petit temps pour renouer le fil, retrouver nos repères. Une fois repris le rythme c'est comme si nous nous étions quitté la veille. Mon train part dans une heure et demie, alors je la raccompagne, histoire de voler un peu de temps à nos agendas.

En rentrant doucettement vers la gare, je pense à ces trois personnes. Très différentes, mais ayant chacune en elle cette chaleur, cette vie qui bouillonne, qui tire vers l'avant. Une chaleur communicative, rassurante. Comme vous m'avez fait du bien tous les trois ! J'ai oublié mon stress du matin, retrouvé mon sourire et décidé de me faire plaisir. Je m'arrête chez Hédiard. Une marmelade d'oranges pour Chère et Tendre, un Lapsang Souchong pour moi. Il faut que je retrouve ma sérénité d'avant. Que j'arrête d'abattre tâche sur tâche sans répit, que je lâche le contrôle, que je laisse faire la vie, que je me laisse porter sans résister. J'aime le claironner. J'ai parfois du mal à l'appliquer. Et là, j'ai un cap à passer et je ne le passerai que si je retrouve cette belle confiance dans la vie qui m'a mené ces dernières années.

Assis à ma place dans le TGV, j'en suis là de mes réflexions quand une voix distinguée me tire de ma rêverie. Une femme me désigne en souriant le siège à coté de moi. Je la laisse passer. Echange de sourires, de politesses. Quelques mots, banalités, plaisanteries. Tout de suite sa manière de parler, sa retenue, son regard franc et amical me plaisent. La conversation roule simplement et dérive sur le professionnel, sur l'envie d'indépendance, la difficulté de faire des choix. De son coté elle a quitté une grande entreprise pour se mettre à son compte, avec les doutes et les peurs que cela peut amener. Avant de faire le pas, elle s'était intéressée aux ressorts psychologiques qui sont mis en œuvre dans ces cas là. Les résistances au changement, les fidélités, les fuites et tout ce qui peut faire qu'un projet bien préparé et parfaitement sain échoue quand même. De mon coté je lui parle du lâcher prise, de la confiance, du non-agir. Nous parlons tous les deux de la même chose, chacun avec son éclairage, et c'est passionnant de confronter nos points de vue. Ma destination approche, nous devons écourter la conversation. Un peu timidement, elle me dit qu'elle a écrit un livre sur les résistances, qu'il doit bientôt être publié. Elle me laisse sa carte, son prénom commence par un C.

Je crois que je vais bien dormir cette nuit.

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Commentaires
S
il y avait déjà ici un chat qui pète, bientôt il y aura un chat qui contre-pète!!!<br /> <br /> C'est du propre!
L
Merci Mlle A...<br /> <br /> Cache à l'eau, chocolat... même combat !
S
Le clin d'oeil est trop fort!<br /> Car mon initiale, c'est pas "C"... (dit la baleine, j'ai le dos fin, je me cache à l'eau...)<br /> Sauf si on garde "chocolat"...<br /> <br /> en tout cas, premier miaulement que je trace ici, même si ce n'est pas mon premier passage....
L
Z'avez remarqué ? Il n'y a que des C qui ont laissé des commentaires !<br /> <br /> Merci !
M
Ca me fait plaisir de te voir suivre ton chemin, et de nous offrir ces lignes si bien écrites .. <br /> Le Yapadzazar restera, c'est sûr ... <br /> Bises<br /> une autre C. (!)
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