Chauffe Marcel !
Dans notre ermitage, il y a une cheminée. Une grande cheminée. Ouverte, gourmande, pétaradante. Une belle cheminée qui nous hypnotise de ses crépitements à l'heure du thé, nous chauffe les pieds à l'heure de la veillée et enchante nos visiteurs des flamboiements de son foyer.
J'ai déménagé onze fois en un peu plus de vingt ans, et aujourd'hui j'ai un foyer.
Et ça m'est étrange.
J'aime être de nulle part et aussi de partout. Alors aujourd'hui je rêve d'océan, de vent, d'embruns, de bateaux. Et pourtant j'aime mon ermitage avec ses bâtiments trapus aux pierres rosées, ses collines douces, sa nature intacte. Je me répète que ce sera mon port d'attache, que rien ne m'empêche de m'éloigner vers l'Atlantique, quel qu'en soit le coté ou la durée. Ca adoucit ma peur. La peur de l'immobilité. La peur d'avoir négligé, d'avoir oublié, d'avoir trop remis, de n'avoir pas eu le temps, de n'avoir pas rencontré, pas vu, pas senti, pas vécu...