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Au chat qui pète
2 octobre 2007

En jean

Il y a huit ans, j'étais sur le point d'attraper une angine, mais je ne m'en doutais pas encore.

Il y a huit ans, nous nous étions levés tôt, Sam, son ami et moi. Ca n'avait pas été facile, car la nuit avait été courte comme en témoignait les bouteilles abandonnées sur la table. Courte aussi parce qu'à trois dans quelques mètres carrés, il n'y a pas à dire, c'est intime, mais peu propice au sommeil. Un petit déjeuner, un comprimé de paracétamol, une douche et un coup de rasoir plus loin, et on s'entassait dans mon pot de yaourt à roulettes pour un peu plus de trois heures de route.

J'étais moyennement emballé par cette expédition. Ca me faisait plaisir de passer le week-end en province comme on dit là-bas avec Sam et son ami, mais l'objectif final de la balade était plus à classer dans les plans foireux que dans les grandes découvertes touristiques.

Pour être juste, il faut vous dire que depuis quelques semaines, je ramais un peu dans le vide. Le vide, le grand vide, le néant. Après quelques années à six dans beaucoup de mètres carrés, je me retrouvais seul dans une cage à poule. Certes c'était un choix. Pardonnez-moi mesdames, mais j'avais décidé que plus jamais une bonne femme ne mettrait les pieds chez moi - sauf maman et Sam - et l'absence de mètres carrés en banlieue garantissait la quasi impossibilité d'une vie de couple.

Mais c'était sans compter justement avec Sam, élue depuis très longtemps meilleure copine pour la vie, qui avait décidé qu'il était hors de question que je vire alcoolo et que je moisisse tout seul sur ma moquette. Elle avait donc décidé de me trainer chez toutes les célibataires de son carnet d'adresse... qui était bien fourni. J'ai donc eu droit à la petite blonde mignonne mais maniaque, la grande brune aux allures de sergent chef et aux épaules de catcheur (son humour et sa vivacité m'ont presque fait craquer, mais elle me faisait peur et je ne voulais pas me retrouver attaché au radiateur) et d'autres produits de l'éclectisme amical de Meilleure Copine.

J'ai très vite rué dans les brancards et je me suis fâché avec elle. Je ne voulais pas faire mon marché comme ça et donner une note à sa petite camarade après chaque visite. La rusée a donc changé de tactique et m'invitait à prendre un verre chez elle... où une copine débarquait par hasard ! D'acheteur j'étais devenu marchandise. J'ai sorti les griffes et la grosse voix et le cirque s'est très vite arrêté.

Je ruminais tout ça sur l'autoroute. Je m'étais laisser faire, elle me connaissait trop bien. La perspective d'un week-end ensemble sur les bords de Loire, un coin que j'adorais et où j'allais souvent, et patati et patata... Et puis là-bas elle avait une bonne copine, sympa, et qui surtout ne voulait surtout plus de mec, ça tombe bien, hein ? C'est pas une arnaque ça...

Et c'est donc comme ça que j'ai escaladé les quarante-huit marches qui menaient au troisième sans ascenseur. La cage d'escalier était en travaux, ça puait la peinture, j'avais envie de prendre mes jambes à mon cou. J'étais devant, les deux comploteurs derrière. C'est là ! Qu'elle m'a dit. J'ai soupiré, toc toc à la porte, et Chère et Tendre derrière.

J'ai résisté, je vous jure. Ces deux jours ont été un calvaire. J'ai rendu les armes le dimanche midi. On était à la terrasse d'un pub. J'avais un welsch rarebit qui refroidissait devant moi et une Faro qui s'éventait. Elle n'avait presque pas touché à sa flamekuche ni sa Leffe. On avait enlevé les lunettes de soleil et on jouait à celui qui ne baissera pas les yeux devant l'autre. Sam a éclaté de rire à coté. J'ai pas baissé les yeux. La gorge me grattait. Elle ne baissait pas les yeux. Et puis elle m'a sourit, et là j'ai su que j'avais perdu et je me suis réfugié dans la dégustation de mon plat tiédasse.

Le soir, dans les bouchons, il régnait un silence de mort dans la voiture. J'étais en colère, une colère noire contre Sam et contre moi. Heureusement que cette saleté d'angine m'était tombé dessus pile au moment du départ et l'extinction de voix associée m'empêchait d'être ignoble.

Depuis il s'est passé bien des choses. Si je devais caricaturer, il a fait globalement beau, très beau sur nous. Quelques tempêtes, quelques semaines de brouillard, du crachin londonien, du vent patagon, mais quand même un bon gros soleil qui réchauffe.

Et huit ans après l'angine, je n'en reviens pas de voir ce temps filer, si vite, si fort...

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Commentaires
R
Touchée.
L
Moi ce que j'ai aimé dans cette rencontre c'est qu'elle n'était pas désirée, ni par elle, ni par moi. Et que c'est quand on renonce qu'on trouve. <br /> <br /> Alors je rebondis - dzoiiiiiiiing - sur la page d'après.<br /> <br /> Merci d'être passées mesdames.
M
La réponse attendra encore un peu, en fait.
C
Sam'plaît, cette histoire, moi qui ai joué les entremetteuses (et ça a marché, aussi !)...
C
Contente de te voir revenu Le Chat...tu me manquais...<br /> Et tu fais craquer avec tes mots, tu sais...<br /> Oui Petite Fleur sera heureuse de savoir comment Papa et Maman se sont rencontrés<br /> Les enfants adorent ce genre d'histoire
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