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Au chat qui pète
21 juin 2007

Si on m'avait dit...

Tout d'abord j'aimerais opposer un démenti formel à la fausse bonne nouvelle que Morena propage dans les commentaires de ce blog. Je n'ai pas encore emménagé dans mon ermitage entre Saône et Loire (ou Bourgogne et Beaujolais, ça dépend des gouts). Par contre, totalement par inadvertance elle a tapé dans le mille vu qu'hier soir j'ai trouvé une nouvelle niche citadine en attendant d'aller me vautrer dans les foins sus-cités.

Juste pour vous mettre l'eau à la bouche et parce que le clavier me démange ce soir, c'est un simple duplex bourré de charme, entre parquets et tomettes, avec vue plongeante sur les cygnes qui voguent sur l'eau verte de la Saône. Quand je vous aurais parlé de la grande pelouse close de murs et ornée d'un cerisier, le tout dans un coin calme mais tout de même à deux doigts et un ongle du centre ville, vous crierez STOP ! et vous aurez bien raison.

Bien sûr, n'étant ni l'arrière petit neveu de Crésus ni le digne héritier d'un des amis de notre président, pour trouver cette merveille il a fallu que je m'éloigne de ma grande ville et en choisisse une plus petite et moins ruineuse.

Bon, tout ceci n'était qu'un aparté.

Ce qui m'occupe et me préoccupe ce soir c'est un constat ; je suis arrivé au bout d'un truc. Ca m'est apparu tout à l'heure au travail, pendant une ennuyeuse réunion de gestion de projet. Alors qu'un petit cheffaillon fier du galon étalait avec grand soin sa bêtise crasse et son incompétence sidérale devant une assemblée atterrée, j'ai senti un vide. Un truc à faire dresser les cheveux sur la tête. Qu'est ce que je fous là ? J'ai un douze mille projets persos à mener à bien, des dizaines de pays à visiter, plein d'amis à aimer, et au lieu de ça je passe mon temps avec des charlots pathétiques qui jouent les importants indispensables. Comment puis-je continuer à faire semblant de m'intéresser à leurs stupidités inutiles ? Où vais-je trouver les ressources ?

Je crois que je suis quelqu'un d'entier. Je ne peux pas regarder un abruti débiter des âneries en simulant l'intérêt. C'est au dessus de mes forces. J'ai besoin de sens. Tout ce que je fais doit avoir une essence, un but, doit être un pas vers quelque chose. Je ne peux pas faire du vent sous prétexte que je suis payé pour ça.

Et on en revient à mon tonton qui n'est pas Crésus. Mes projets ont besoin d'être financés. Financé par mon travail.

Je suis condamné à subir pendant deux ans encore au minimum cette gesticulation affligeante dont rien ne sort jamais (sauf parfois un ulcère à l'estomac, parce qu'en plus ils réussissent à être stressants !).

Alors ce soir je suis rentré en trainant mes savates. J'ai échoué dans un pub irlandais à serveuse rousse et à bière noire. Après une pinte et un début de vertige devant le décolleté de la dame (en plus les tâches de rousseur ça me rend dingue, mais chut, c'est un secret), je suis rentré sans avoir résolu l'inadéquation salaire sans travail. Petite Fleur comme à son habitude était cachée derrière le rideau pour me faire une blague. Comme d'habitude j'ai fait semblant de la chercher partout. Elle m'a escaladé, s'est suspendue à mes oreilles et à réussi à m'arracher un sourire pâlichon. Chère et Tendre n'étant pas là ce soir, la babysitter m'a fait le compte rendu de sa fin de service et s'est esquivée, me laissant avec un Zébulon qui voulait manger, devait prendre sa douche, voulait appeler maman, faire un dessin, regarder un cartoon et dix mille autre choses.

"Allez Poulette, ce soir on sort, on va danser !
- Danser ?
- Oui ma belle, ça va être ta première fête de la musique, allez, remet tes chaussures, on y va..."

Alors on est parti tous les deux. Sa petite main dans mon énorme paluche, ses petites jambes qui tricotent sur le pavé pour suivre le rythme de mes grandes enjambées, et nous voila devant les premier musicos qui accordent leurs instruments. On bouge un peu et on tombe sur une fanfare type Belgistan. Je m'accroupis près d'elle qui regarde les yeux écarquillés ces grands dingues qui soufflent et tapent tant qu'ils peuvent pendant que les badauds se trémoussent en criant. Le morceau se termine, elle applaudit avec un grand sourire. Plus loin des Coréennes en habit trad percusionnent à tour de bras, concurrençant un bagad qui s'époumone dans des cornemuses et des bombardes.

Une heure plus tard nous rebroussons chemin. J'ai oublié mon crétin galonné. Faut dire que dans mes bras dix-sept kilos de tendresse dorment sur ma poitrine. Et ça, ça rempli tous les vides de la terre. Ca, ça donne du sens, ça a du sens, ça veut du sens.

Si on m'avait dit qu'un jour je rentrerais ainsi de la fête de la musique...




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Commentaires
R
Tu m'as manqué.<br /> Ton blog m'a manqué.<br /> Je devrais décidément être plus régulière dans mes visites...
C
Tiens, j'entends ronronner...
L
A toutes...<br /> <br /> Vous savez quoi ? J'ai failli jeter ce blog au feu. Mais ça brule mal, un blog. Et quand je vous lis ici ou chez vous, finalement, je me dis que c'est bien, un blog.<br /> <br /> Surtout quand un jour, après avoir papoté avec un pseudo on fait la bise à un être humain...<br /> <br /> (et ça tombe bien, z'êtes que des filles)<br /> <br /> Quel heureux Chat je suis...
C
Sans permission ni sommation... je vous ai tagué.<br /> Pardon d'avance, si besoin est.
C
Comme elle a de la chance, celle qui découvrira, un jour, tous les émois qu'elle a "sus-cités"... et qui sont si joliment posés, ici.
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