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Au chat qui pète
27 décembre 2007

Entre Bourgogne et Beaujolais

C'était la fin d'après midi. Avec Victor nous avions fait quelques tours de piste et divers exercices pour ne pas perdre la main et pour garder confiance. Là, nous nous éloignions plein Est. A notre altitude l'atmosphère était limpide. En dessous, une légère brume s'accrochait au confins des collines du Mâconnais et du Beaujolais.

Le relief s'arrondissait. Les vallées s'emplissaient de brume. Les sommets se couvraient de givre. Dans mon dos un soleil orange fusion éclairait ce paysage fait de blanc brillant, de couches laiteuses, d'ombres sombres et prairies rougeoyantes. Dans l'air dense de cette froide journée d'hiver, pas un souffle de vent ni une turbulence. Victor le tapis volant glissait paisiblement à mille mètres au dessus de cette fabuleuse campagne.

L'heure de rentrer approchait. Grand virage à droite pour revenir sur mes pas, je fixais le soleil dans mes onze heures. D'orange violent il avait viré au rouge braise et transformé le paysage. Au fond la barrière de la Loire et ses reflets d'argent, sous moi la terre sombre, en face l'étendue laiteuse de la brume coincée sous l'inversion de température. Le terrain devait être là devant à dix minutes environ, caché quelque part sous la couche de brume que la luminosité violente du soleil m'empêchait de percer. Je vérifiais mes instruments, j'allumais le phare, et m'annonçais sur la radio en approche et en descente.

Moteur réduit, Victor descendait sagement vers le terrain que je ne distinguais toujours pas. J'entendais le sifflement de l'air sur la bulle de plexiglas. Jaillissant de la brume, je laissais l'hippodrome à ma droite. La Loire scintillait toujours devant, nous étions sur la bonne route. Dans une minute, le terrain serait là. Mise en palier, un peu de gaz pour conserver la vitesse, message radio. Pas de trafic sur la fréquence, tout le monde devait être au supermarché pour préparer le fêtes.

Puis tout s'enchaine, très vite. Le village à ma gauche, puis tout de suite après je distingue les hangars et la tour. Le soleil rougeoie et m'aveugle, les pistes arrivent. J'annonce verticale terrain pour un encadrement (1). Je coupe les gaz et dans la cabine il ne reste plus que le bruit de l'air qui frotte sur l'avion. J'enchaine les virages, me présente en finale et Victor se pose en silence.

- 33 droite dégagée, je roule au parking
- Salut Le Chat !
- Salut Hugues !
- On va faire un petit tour avec Charlie (2), on revient...
- Je vous attends.

Je remonte le taxiway et regarde Charlie - le grand frère de Victor - occupé à faire ses essais moteurs sur l'aire de manœuvres. Son fuselage blanc a pris une teinte orangée dans le soleil couchant. Deux bras se lèvent à l'intérieur, je fais de même. Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je saluerais ainsi mes amis en les croisant à bord d'un avion.

Au parking, moteur arrêté. Je coupe un à un tous les contacts, regroupe mes petites affaires et rentre Victor dans le hangar avec l'aide d'un autre pilote. Le temps de faire les papiers et les amis arrivent. Nous garons Charlie près de Victor.

Petite tape sur son aile avant de partir... A l'année prochaine mon grand !


(1) Exercice qui consiste à simuler une panne moteur et à appliquer une procédure d'approche sans moteur pour rejoindre l'entrée de piste et poser l'avion... sans le casser ! Pour des raisons de sécurité, le moteur est au ralenti et non coupé.

(2) Nous avons quatre avions : (Québec) Juliette, Victor (India), (Québec) Charlie et Trompe la Mort (Tango Alpha).

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Commentaires
K
Ronron dis-je... ronron
L
alors ça c'est des jeux de grands ;-)<br /> ps : j'espère que le moule de nos mères est cassé... ou amélioré...
C
L'année prochaine, c'est bientôt...<br /> Ah, Tiersen... soupir.
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