Tout ce que vous avez toujours...
Des fois je me sens grandir... En ce moment par exemple...
Je rassure ceux qui m'ont déjà rencontré pour de vrai, je ne parle pas de grandir physiquement.
Non, c'est autre chose. Quelque chose qui a commencé réellement ce jour là, le jour des quatre C. Petit retour en arrière...
Je ne me souviens plus à quel moment j'ai décidé que j'en avais marre
de mon métier. Probablement un jour de 2004, entre un dépôt de dossier
d'agrément en vue d'adoption comme ils disent, un week-end dans
l'ermitage que nous venions d'acheter et une de ces engueulades
mystiques avec mon boss comme j'en étais coutumier à l'époque.
Plus ou moins consciemment j'ai commencé à tout mettre en place pour
que ça change. Depuis, je jongle avec des projets plus ou moins bien
ficelé : transformer ma grange, le fenil et l'étable en maison d'hôte
douze épis, quitter mon bureau surchauffé pour un atelier de
menuiserie-ébénisterie, devenir formateur en informatique pour que mes
compétences dans ce métier que j'ai adoré puissent servir à d'autres,
et dix mille autres idées découlant toutes de mes hobbys, passions ou
intérêts qui auraient pu me faire vivre à temps partiel ou complet.
J'imaginais très bien quitter mon atelier qui sentait la sciure à midi
pour me retrouver devant des adultes en formation à quatorze heures et
rentrer le soir pour préparer le clafoutis du matin pour la famille qui
allait passer le week-end chez nous. Un tiers liberté, un tiers
passion, un tiers utile. Pas forcément dans le bon ordre.
Et des idées comme ça j'en ai eu des dizaines et des migraines.
En fin d'été nous avons déménagé. Moins de charges, le moment du grand
saut était arrivé. Demande de temps partiel (réponse officielle semaine
prochaine), et ... brutalement une grosse trouille de me vautrer. Et si
tout ça n'était pas bien sérieux ? Alors j'ai fait comme je fais quand
j'ai peur : j'essaye de maîtriser, de contrôler, de diriger. Et plus je
m'investissais, plus je freinais, plus je me trouvais confronté à la
réalité : j'étais condamné (professionnellement) à rester ce que
j'étais (professionnellement).
J'ai donc décidé avec l'aide de Chère et Tendre qu'il était urgent de
remettre à plus tard les projets, sans culpabiliser, sans les détruire,
sans les presser. Et de laisser venir. De laisser venir la vague.
En deux mots de lâcher prise...
Et il y a eu les quatre C.
Et aujourd'hui je grandis. Parce qu'entre cette journée monumentale et
aujourd'hui, il y a eu une succession de petits faits, petites
rencontres, petits hasards (!) qui l'air de rien m'ont tracé une jolie
route toute droite avec au bout une reconversion tellement évidente que
je ne l'avais pas vue.
Je ne vous dirai pas de quoi il s'agit, pas maintenant, parce que je n'y crois pas encore complètement, ça va trop vite.
Tellement vite que je n'y crois pas que je suis pré-inscrit pour une
formation qui commence en avril et qui dure neuf mois - quel beau
symbole pour une renaissance !
Tellement vite que je n'y crois pas que jeudi prochain j'ai un
rendez-vous téléphonique avec un formateur pour discuter de mon projet
et valider mes choix.
Tellement vite que quand j'en parle autour de moi, je m'attends à ce
que l'un ou l'autre explose de rire devant mon inconscience et que
c'est l'inverse qui se produit.
Alors depuis une semaine je suis tendu vers cet objectif. Aujourd'hui
je construis ma reconversion, je me prends en main, j'arrête de subir
les inepties crasses de Boitacons & Co. Aujourd'hui j'organise, je
planifie, je budgette, je rencontre des professionnels, je me
documente, je fonce.
Et je me sens grandir.
Et je me sens porté.
Et je n'ai plus peur.